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Ministère des Ressources naturelles et des Forêts

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Mardi 23 avril 2024 – 13 h à 16 h 15

Changements climatiques : pratiques d’aménagement forestier pour favoriser l’adaptation

En collaboration avec l’Université Laval

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Les émissions de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter, ce qui provoque des changements climatiques à l’échelle planétaire. L’une des conséquences de ceux-ci est l’augmentation de l’occurrence des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les épisodes de sécheresse, les vagues de chaleur, les pluies intenses, les vents violents et l’augmentation des épisodes de gel-dégel. La vitesse à laquelle surviennent les changements climatiques excède la capacité des arbres à migrer, ce qui risque de nuire à la résilience et à la productivité des forêts. Dans ce rendez-vous, il sera question de la façon dont l’aménagement forestier, et plus particulièrement nos pratiques sylvicoles, peut favoriser l’adaptation de nos forêts et améliorer leur résilience face à diverses perturbations. Certaines stratégies reposent sur l’idée de miser sur des espèces possédant des traits fonctionnels leur permettant de faire face à certains stress ou à certaines perturbations en particulier; d’autres, de favoriser la diversité en espèces d’arbres et en structures de peuplements. Toutefois, l’opérationnalisation de ces solutions à grande échelle comporte certains défis.

Les présentations des conférences se trouvent dans l’ordre du jour ci-dessous.

13 h Mot d’ouverture

Conférencière : Patricia Raymond, chercheuse, Direction de la recherche forestière, ministère des Ressources naturelles et des Forêts

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13 h 10 Silva21 : adaptation de la sylviculture à des réalités changeantes

Conférencier : Alexis Achim, professeur titulaire, vice-doyen à la recherche, Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique à l’Université Laval.

Collaborateurs et collaboratrice : Nicholas Coops (UBC), Chris Mulverhill (UBC), Guillaume Moreau (UL), Alexandre Morin-Bernard (UL), Jean-Daniel Sylvain (MRNF), Evelyne Thiffault (UL), David Pothier (UL), Nelson Thiffault (CCFB) et Mathieu Fortin (CCFB)

Dans un contexte d’augmentation marquée des perturbations forestières engendrées par les changements climatiques, le projet Silva21 a pour but de transformer la science sylvicole en intégrant à son approche empirique la prise en compte systématique de l’évolution rapide des conditions environnementales. Le programme de recherche dans son ensemble regroupe 15 partenaires et 5 universités à l’échelle canadienne. Il vise à fournir des données, des outils et des solutions pratiques pour améliorer la résistance des forêts canadiennes à diverses perturbations et sources de stress, ce qui contribuera à la santé de ces écosystèmes et au bien-être des communautés qui en dépendent. La synthèse des avancées réalisées dans le contexte du projet et ayant une incidence sur la sylviculture québécoise sera présentée. Les travaux se déclinent en trois axes, soit « observer », « anticiper » et « adapter ». Le premier vise la création d’outils d’observation des forêts en temps quasi réel qui mèneront à la production d’inventaires forestiers dits « vivants ». Le second relie les projections climatiques à la croissance et à l’évolution anticipée du risque de perturbation en forêt. Le troisième s’attarde à la mise en œuvre de traitements sylvicoles d’adaptation aux changements climatiques qui constitueront des legs pour les générations futures. Plus de 40 étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs et stagiaires postdoctoraux seront formés dans le contexte de cette initiative de recherche.

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Présentation

13 h 35 La coupe partielle comme outil de lutte et d’adaptation aux changements climatiques en forêt boréale

Conférencière : Évelyne Thiffault, professeure agrégée au Département des sciences du bois et de la forêt et directrice scientifique de la Forêt Montmorency, Université Laval

La foresterie est reconnue comme une voie privilégiée dans la lutte contre les changements climatiques parce qu’elle s’inscrit dans une politique plus large d’aménagement du territoire. Des actions ambitieuses mobilisant les acteurs de l’aménagement forestier, de la transformation et de l’utilisation du bois peuvent contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre. La mise en œuvre de ces actions réside dans une connaissance fine du territoire et de la dynamique des écosystèmes forestiers ainsi que dans des liens entre les forêts et les besoins des sociétés en matériaux et en énergie. Dans ce contexte, la récolte par coupe partielle, comme solution de remplacement à la récolte par coupe totale, peut être vue comme une voie prometteuse pour à la fois fournir des produits du bois de haute qualité aux marchés, maintenir des stocks de carbone dans les écosystèmes et contribuer à la résilience des forêts sous un climat changeant. Cette présentation permettra de présenter ces concepts à partir de l’étude de cas de la Forêt Montmorency, la forêt d’enseignement et de recherche de l’Université Laval.

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Présentation

14 h Impacts environnementaux et sociaux de la migration assistée en forêt mixte tempérée

Conférencière : Alison Munson, professeure associée, Université Laval

Collaboratrices et collaborateurs : Patricia Raymond (MRNF), Emilie Champagne (MRNF), William Devos (UL), Daniel Dumais (MRNF), Felipe Jovani Tavares Moreira (UL), Catherine Périé (MRNF), Thaís Reis (UL), Yves Gauvreau (MRNF), Sylvie Carles (MRNF), Jean-Pierre Tremblay (UL), Marc Mazerolle (UL), Jean-François Bissonnette (UL) et Mathieu Bouchard (UL).

Depuis 2020, les chercheurs et chercheuses de l’équipe DREAM (Desired regeneration through assisted migration) évaluent plusieurs dimensions importantes de la migration assistée des arbres dans une forêt mixte tempérée à Portneuf. Thaís Reis (candidate à la M. Sc.) a étudié la réponse phénologique et la vulnérabilité au gel des essences issues de différentes provenances adaptées au climat présent et futur. Pour les trois essences feuillues (cerisier, chêne rouge et érable à sucre), il y a un effet d’analogue climatique sur la phénologie en 2021 et pour deux des trois essences (chêne rouge et érable à sucre) en 2022. Cet effet n’est pas observé pour les deux essences résineuses (pin blanc et épinette blanche). Lors du suivi phénologique, nous avons pu observer un événement de gel tardif entre le 25 et le 28 mai 2021. Des dommages sur les jeunes feuilles et bourgeons ont été constatés sur le chêne rouge. Felipe Jovani Tavares Moreira (M. Sc.) a interrogé les différents groupes d’utilisateurs et utilisatrices de la forêt à propos de leur vision de l’acceptabilité sociale de la migration assistée. Des entrevues semi-structurées ont été menées auprès de 18 intervenants et intervenantes au Québec, dont des représentants et représentantes du MRNF, des membres du personnel d’entreprises privées, des chercheurs et chercheuses, des membres d’ONG et des propriétaires privées. Les entrevues ont révélé une propension générale des parties prenantes à soutenir cette stratégie, sous réserve d’une mise en œuvre prudente avec des projets pilotes et des études servant de référence pour de futures applications à grande échelle.

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Présentation

14 h 45 Comprendre les effets de la prolifération du hêtre et de la sécheresse sur le fonctionnement des érablières

Conférencière : Audrey Maheu, professeure, Département des sciences naturelles, Institut des sciences de la forêt tempérée, Université du Québec en Outaouais

Collaborateurs : David Rivest (ISFORT-UQO), Philippe Nolet (ISFORT-UQO), Frédérik Doyon (ISFORT-UQO), Claudele Ghotsa Mekontchou (ISFORT-UQO), Pierrick Arnault (ISFORT-UQO), William F. J. Parsons (ISFORT-UQO), Frederic Moore (ISFORT-UQO) et Nejm Eddine Jmii (ISFORT-UQO).

Le développement d'une dense couche de gaules de hêtre à grandes feuilles a été observé dans de nombreuses érablières du sud du Québec. D’autres perturbations viendront s’y superposer, avec une augmentation projetée de la durée et de l’intensité des périodes de sécheresse causées par les changements climatiques. Ce projet a pour but de permettre de comprendre comment la prolifération du hêtre en sous-étage peut influencer le fonctionnement des érablières et quelle est l’interaction possible avec la sécheresse. Nous avons étudié trois érablières où il y a prolifération du hêtre et trois érablières témoins, et dans chacune d’elles, nous avons fait l’exclusion des précipitations pour simuler de la sécheresse. Le bilan hydrique révèle que la prolifération du hêtre n’a pas augmenté l’interception des précipitations par la canopée de manière significative. Les conditions de sécheresse ont ralenti la décomposition des litières de manière similaire pour les érablières avec et sans prolifération, mais ont eu peu d’effet sur la concentration des éléments nutritifs dans le sol et dans les feuilles prélevées d’érables à sucre. La prolifération du hêtre est associée à une plus faible disponibilité du calcium dans le sol. En ce qui a trait à la croissance, les conditions de sécheresse ont mené à une croissance accrue des érables seulement dans les érablières témoins. Ce projet a permis de montrer la réponse variée des érablières à des perturbations telles que la sécheresse.

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Présentation

15 h 10 Le dispositif SylvAdapt : tester sur le terrain le renforcement de la résilience par la sylviculture

Conférencier : Frédérik Doyon, professeur, Département des sciences naturelles, Institut des sciences de la forêt tempérée, Université du Québec en Outaouais

Collaborateurs et collaboratrice : Philippe Nolet (ISFORT, UQO), Audrey Maheu (ISFORT, UQO), Philippe Balandier (IRSTEA, INRAE), Thibaud André-Alphonse (ISFORT, UQO) et Houssam Amraoui (ISFORT, UQO)

Deux stratégies sylvicoles d’adaptation proposées dans la littérature peuvent renforcer la capacité d’adaptation aux changements climatiques des peuplements forestiers. Une première mise sur les « espèces championnes », soit les espèces possédant des traits avantageux face à des expositions plus fortes à certains stress et à certaines perturbations en particulier. L’autre table sur la diversité en espèces d’arbres, en traits fonctionnels et en structures des peuplements. Dans le dispositif SylvAdapt, nous comparons ces deux stratégies sylvicoles d’adaptation appliquées à des peuplements d’érablières rouges mixtes dans les régions des Bois-Francs (15 sites) et des Appalaches (11 sites). Dans chaque site, 3 coupes partielles avec des surfaces terrières résiduelles de 20, de 12 et de 6 m2/ha ont été effectuées dans des parcelles de 0,5 ha, combinées avec un témoin. Une plantation de diversité comprenant 8 espèces d’arbres, 4 localement abondantes et 4 plus méridionales, a été établie dans 6 sites de chaque région. Une expérience d’exclusion des précipitations a été appliquée aux parcelles traitées de ces 6 sites des Bois-Francs, alors que des exclos de protection contre l’herbivorie des grands ongulés ont été placés dans les 6 sites plantés dans les Appalaches. Nos résultats montrent que les deux stratégies d’adaptation sont difficilement conciliables lors de leur application puisqu’en optimisant l’une, on réduit le potentiel de l’autre. Nos travaux sur le flux de sève de l’érable rouge montrent que celui-ci est moins élevé en 6 m2/ha, ce qui indique un effet important de l’évaporation et de la transpiration de la végétation basse peu de temps après l’application du traitement. D’ailleurs, l’évaluation du potentiel hydrique des semis avant l’aube démontre aussi que la disponibilité de l'eau et le potentiel hydrique des feuilles avant l'aube sont plus élevés dans les 20 m2/ha que dans les 12 m2/ha. Finalement, les semis du groupe des espèces nordiques montrent une plus grande variabilité dans sa réponse en potentiel hydrique avant l’aube, et celui-ci est plus élevé que celui des espèces méridionales, ce qui révèle un potentiel d’adaptation différencié. Ces résultats démontrent l’importance de mettre en place des dispositifs expérimentaux pour mieux comprendre les processus écologiques impliqués dans le renforcement de la capacité d’adaptation des peuplements par la sylviculture.

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15 h 35 L’opérationnalisation de la sylviculture d’adaptation : considérations et enjeux

Conférencier : François Hébert, chercheur, Direction de la recherche forestière, ministère des Ressources naturelles et des Forêts

Collaboratrices : Julie Godbout (MRNF), Patricia Raymond (MRNF), Catherine Périé (MRNF) et Stéphanie Lefebvre-Ruel (MRNF)

La sylviculture d’adaptation aux changements climatiques est un domaine de recherche en plein essor ces dernières années. Plusieurs solutions sylvicoles sont testées à l’échelle expérimentale et sont très prometteuses. Cependant, l’opérationnalisation de ces solutions à grande échelle comporte des défis. À l’aide d’exemples concrets, cette conférence vous dressera quelques-uns de ces enjeux ainsi que des solutions pour les résoudre.

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Présentation

16 h Synthèse de la rencontre

Conférencier : Alexis Achim, professeur, Université Laval

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* Le contenu des présentations des conférenciers et des conférencières n’engage qu’eux et qu’elles.