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Ministère des Ressources naturelles et des Forêts

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Mardi 22 octobre 2024 – 13 h à 16 h 30

Silva21: observer, prévoir et s'adapter à des réalités changeantes

En collaboration avec l’Université Laval

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Dans un contexte d’augmentation marquée des perturbations forestières engendrées par les changements globaux, le programme de recherche Silva21 a pour but de transformer la science sylvicole en intégrant à son approche empirique la prise en compte systématique de l’évolution rapide des conditions environnementales. Les travaux se déclinent en trois axes, soit « observer », « prévoir » et « adapter ». Le premier vise la création d’outils d’observation des forêts en temps quasi réel qui mèneront à la production d’inventaires forestiers dits « vivants ». Le second relie les projections climatiques à la croissance et à l’évolution anticipées du risque de perturbations en forêt. Le troisième s’attarde à la mise en œuvre de traitements sylvicoles d’adaptation aux changements climatiques qui constitueront un legs pour les générations futures. Le programme de recherche dans son ensemble regroupe 15 partenaires et 5 universités à l’échelle canadienne. Plusieurs avancées réalisées dans le contexte du projet et ayant une incidence sur la sylviculture québécoise seront présentées.

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Les présentations des conférences se trouvent dans l’ordre du jour ci-dessous.

13 h Mot d’ouverture

Conférencière : Catherine Larouche, cheffe de service, Direction de la recherche forestière, ministère des Ressources naturelles et des Forêts

13 h 10 Le climat du Québec pour le XXIe siècle dans un scénario socioéconomique difficile

Conférencières : Amy Wotherspoon, chercheuse postdoctorale, University of British Columbia (UBC) et coordinatrice scientifique de Silva21

Collaborateurs : Alexis Achim (UL) et Nicholas Coops (UBC).

Cette présentation explorera les tendances climatiques futures pour les forêts aménagées du Québec dans un scénario socioéconomique « difficile » (SSP3-7.0). Pour la période de 2071 à 2100, les projections climatiques indiquent une tendance au réchauffement du climat de 5 °C et une augmentation des précipitations annuelles. Les régions du Québec sont susceptibles de voir augmenter l’indice d'humidité climatique, le nombre de degrés-jours supérieurs à 5 °C et le nombre de jours sans gel tandis que la réduction des précipitations sous la forme de neige est attendue. Des effets plus importants du réchauffement sont prévus pour les régions du nord du Québec situées à des latitudes au-delà des forêts aménagées. Ces projections laissent présager une saison de croissance plus longue qui, avec assez d'humidité disponible, pourrait favoriser la productivité future des forêts aménagées, et ce, particulièrement en début de saison de croissance. Cependant, des hivers plus courts et plus humides pourraient entraîner un risque accru de pluie sur neige et de gel-dégel, en particulier dans les régions montagneuses. Cette présentation abordera brièvement la façon dont ces projections pourraient affecter les espèces dominantes et leur abondance, qui, lorsqu'elles sont couplées aux effets cumulatifs des perturbations futures, sont susceptibles de modifier la dynamique future des forêts et d’avoir des conséquences sur les volumes de bois récoltés pour l'industrie forestière canadienne.

13 h 35 Sylviculture dans un contexte de changements climatiques

Conférencier : Guillaume Moreau, Professeur adjoint, Département des sciences du bois et de la forêt, Université Laval

Collaborateurs et collaboratrice : John Caspersen (University of Toronto), Steve Bédard (MRNF), François Guillemette (MRNF), Nelson Thiffault (RNCan), Loïc D'Orangeville (UL), Alexis Achim (UL), Hugues Power (MRNF), Julie Godbout (MRNF), Neil Pedersen (Havard University), Tim Rademacher (University of Vermont) et Martin Girardin (RNCan)

Durant cette conférence, j’aurai le plaisir de résumer trois volets de recherche qui ont été réalisés ou entamés dans le cadre du programme Silva21 afin d'aider les sylviculteurs à observer, à prévoir et à s'adapter à des réalités changeantes dans nos forêts. Je vais notamment 1) faire un bref retour sur nos connaissances des relations entre la présence des défauts externes et la vigueur des arbres (risque de mortalité et potentiel de croissance) en forêt feuillue, sur les nombreuses implications liées au choix des arbres à récolter durant les opérations forestières et sur le suivi de l'état de santé des érablières; 2) présenter de nouveaux résultats sur le potentiel de l'éclaircie commerciale, un des traitements sylvicoles les plus appliqués dans le monde pour augmenter la résistance et la résilience des forêts face à la sécheresse, aux feux de forêt, aux épidémies d'insectes et de pathogènes ainsi qu'aux dommages causés par les tempêtes de ven ; 3) discuter brièvement de l'importance d’incorporer des stress climatiques tels que la sécheresse, les gels tardifs et les épisodes de gel-dégel hivernaux dans les modèles de croissance forestière conventionnels en utilisant des données climatiques à haute résolution, dans le but d'affiner notre anticipation de la croissance future et d'adapter les décisions sylvicoles en conséquence.

14 h L’adaptation des forêts aux changements climatiques sous la loupe des sciences sociales

Conférencière : Anne Bernard, professeure adjointe, Département des sciences du bois et de la forêt, Université Laval

Les changements climatiques créent de fortes pressions sur le patrimoine forestier canadien et perturbent, par le fait même, les communautés locales dépendantes de ces forêts. L'efficacité du paradigme actuel d'aménagement durable des forêts est de plus en plus contestée, en particulier face à l'incertitude croissante liée aux changements climatiques, mais aussi par rapport à l'atteinte de principes fondamentaux tels que la conservation de la biodiversité. Au fil des dernières décennies, les paradigmes d'aménagement forestier ont évolué, mais dans la pratique, l'aménagement forestier est resté ancré dans une continuité, celle du rendement soutenu. Cependant, dans l'actuel contexte d'incertitude, cette continuité n'est plus viable. De nouvelles pratiques d'aménagement permettant de répondre aux défis actuels devront être adoptées. Ce projet vise à analyser la forêt comme territoire et comme système de production forestière afin de tracer les contours du prochain paradigme d'aménagement forestier en intégrant les dimensions politiques, économiques et sociales. Cette étude initiale servira de fondation à un programme de recherche plus vaste pour explorer les déterminants d'un changement de trajectoire du socioécosystème forestier dans un contexte de transition écologique.

14 h 45 Intégrer télédétection et dendrochronologie pour observer l'effet des perturbations et des stress climatiques sur la croissance des forêts

Conférencier : Alexandre Morin-Bernard, professeur adjoint, Département des sciences du bois et de la forêt, Université Laval

Collaborateurs et collaboratrice : Alexis Achim (UL), Nicholas Coops (UBC) et Joanne C. White (RNCan)

Notre connaissance de l'état des forêts repose historiquement sur des inventaires forestiers déployés à large échelle, qui fournissent des informations sur la disponibilité de la ressource et sa qualité ainsi que sur le rendement attendu. L'augmentation de la fréquence et de l'intensité des perturbations ainsi que la forte variabilité observée dans la réaction de croissance des arbres rendent toutefois difficile une évaluation complète et précise de l’état des forêts par l’intermédiaire des données issues des réseaux de placettes-échantillons. Les informations contenues dans les cernes de croissance des arbres permettent de mieux comprendre l’influence du climat et des perturbations, mais la disponibilité de telles données et les ressources requises pour les acquérir et en faire l’analyse rendent leur utilisation peu pratique pour un suivi en temps réel de l’état des forêts. Ces défis peuvent toutefois être relevés par un recours accru aux technologies de télédétection. Les séries temporelles d'imagerie satellitaire, en particulier, fournissent une information en continu permettant la détection des perturbations ainsi que des changements graduels causés par l’action de stress climatiques. Cette présentation offrira un aperçu des travaux de recherche conduits dans le cadre de Silva21 ayant permis de lier le signal contenu dans les cernes de croissance aux variations dans la réflectance spectrale de la canopée capturée par l’imagerie satellitaire.

15 h 10 Leçons apprises des dispositifs expérimentaux de migration assistée (TransX) et de sécheresse (ThiRST) pour mieux adapter nos interventions forestières.

Conférencier : Loïc D'Orangeville, professeur agrégé, Département des sciences du bois et de la forêt, Université Laval

Collaborateurs et collaboratrice : Jacob Ravn (University of New Brunswick), Chloe Larstone Hunt (University of New Brunswick) et Nelson Thiffault (RNCan)

TransX est un nouveau réseau expérimental de 12 sites allant de la Caroline du Nord jusqu’au Québec, où sont plantées plus de 100 populations d'arbres de 10 espèces tempérées et boréales, provenant de lots de graines naturelles et améliorées. L’objectif de TransX est double : 1) déplacer des essences et des populations locales d’arbres plus au sud afin d’évaluer leur réponse au réchauffement; 2) déplacer des essences et des populations locales d’arbres plus au nord pour améliorer nos connaissances sur leur potentiel de migration assistée.

ThiRST est une expérience sylvicole établie dans la forêt Black Brook de JD Irving au Nouveau-Brunswick, où nous comparons les conséquences de différentes intensités d'éclaircies précommerciales sur la vulnérabilité des plantations d'épinette blanche à la sécheresse. Après une première saison complète de traitements, je vais présenter les premiers résultats de contenu en eau du sol et des arbres ainsi que de croissance.

15 h 35 Cartographie et analyse détaillée des patrons de sévérité de brûlage par le feu dans le contexte de l’aménagement forestier

Conférencier : Jean-Daniel Sylvain, chercheur, Direction de la recherche forestière, ministère des Ressources naturelles et des Forêts

Collaborateurs et collaboratrice : Guillaume Drolet (MRNF), Gabrielle Thibault (UL) et Alexis Achim (UL)

Les feux de forêt de l’été 2023 ont touché près de 1,4 million d’hectares de forêts situées en zone de protection intensive contre le feu. La cartographie des patrons d’intensité de brûlage fournit des informations spatiales détaillées des peuplements affectés. Notre équipe de recherche a conçu un outil permettant de générer rapidement et avec précision des cartes représentant l’intensité du brûlage, en utilisant l'imagerie satellitaire à haute résolution spatiale et des algorithmes d'apprentissage automatisé. Les informations obtenues facilitent la mise en place rapide des plans de récupération des bois, la remise en production des sites touchés par le feu et la révision des possibilités forestières dans les unités d’aménagement affectées. Des analyses sont en cours pour comprendre comment l’aménagement du territoire et les caractéristiques des écosystèmes forestiers influencent l’intensité du brûlage.

16 h Synthèse de la rencontre

Conférencier : Alexis Achim, professeur titulaire, Département des sciences du bois et de la forêt, Université Laval

* Les heures sont données à titre indicatif seulement. Des périodes de questions et une pause sont également prévues et peuvent varier selon le déroulement de la rencontre.

* Le contenu des présentations des conférenciers et des conférencières n’engage qu’eux et qu’elles. Vous aurez ici accès à leurs présentations et aux enregistrements des conférences à la suite de l’activité.