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Ministère des Ressources naturelles et des Forêts

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Mardi 18 février 2025 – 13 h à 16 h 30

Régénération naturelle et plantation

La régénération naturelle et les plantations jouent des rôles complémentaires essentiels dans l’avenir de la forêt québécoise. Que ce soit pour restaurer des écosystèmes dégradés, accroître la séquestration de carbone, favoriser la biodiversité ou lutter contre les ravageurs forestiers, leur gestion représente un levier clé pour assurer la résilience des forêts. Ces enjeux soulèvent de nombreuses questions qui seront explorées lors de ce rendez-vous. Comment les outils de modélisation et les interventions sylvicoles peuvent-ils contribuer à l’adaptation des forêts aux changements climatiques? Quels choix d’essences d’arbres répondent le mieux aux défis auxquels sont confrontées les forêts? Est-il possible de restaurer des écosystèmes forestiers tout en maximisant la séquestration de carbone?

Les présentations des conférences se trouvent dans l’ordre du jour ci-dessous.

13 h Mot d’ouverture

Conférencier : Hugues Power, chercheur, Direction de la recherche forestière, ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF)

13 h 10 Reboisement des landes forestières boréales : défis et perspectives

Conférencier : Charles Marty, professeur-chercheur sous octroi au Département des sciences fondamentales, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), Centre de recherche sur la boréalie (CREB)

Collaboratrice et collaborateurs : Patrick Faubert, UQAC-CREB, Rock Ouimet, MRNF, Louis Duchesne, MRNF, et Julie Godbout, MRNF

Les landes boréales, aussi appelées dénudés secs, sont des zones ouvertes de la forêt boréale dominées par des arbustes de la famille des éricacées et des lichens. Ces zones, résultant d’un échec de régénération naturelle des arbres, sont stables en l’absence d’intervention humaine. Leur stock de carbone est ainsi faible en comparaison de celui des forêts fermées. Leur reboisement pourrait donc séquestrer d'importantes quantités additionnelles de CO2 atmosphérique. Néanmoins, ce reboisement n’est pas sans défis.

Ces milieux présentent des conditions contraignantes pour les arbres en raison de conditions climatiques particulières et d’une faible fertilité. Le succès du reboisement des dénudés secs et leur potentiel de séquestration du carbone futur dépendent donc des méthodes de préparation des sols, des essences plantées et de la régénération naturelle.

Nous avons étudié la performance du pin gris, de l’épinette noire et du mélèze laricin dans ce milieu ainsi que le potentiel de régénération naturelle des arbres après scarifiage. Nous avons aussi exploré les interactions entre ces trois essences afin d’évaluer la possibilité de reboiser ces essences en mélange.

Nos résultats indiquent un bon potentiel de croissance du pin gris et une régénération naturelle rapide de l’épinette noire après scarifiage. Nos expériences en serre laissent penser que le mélange des trois essences pourrait être bénéfique au reboisement des dénudés secs.

Présentation

13 h 35 Comment le taux de croissance et les racines fines des peupliers hybrides affectent-ils le stockage du carbone dans le sol?

Conférencier : Toky Jeriniaina Rabearison, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)

Collaboratrice et collaborateurs : Annie DesRochers, Institut de recherche sur les forêts (IRF), UQAT, Vincent Poirier, UQAT, et Jérôme Laganière, Ressources naturelles Canada

La séquestration du carbone (C) dans le sol fait partie des solutions prometteuses pour atténuer les changements climatiques. Les arbres à croissance rapide sont particulièrement intéressants puisqu’ils accumulent rapidement du C dans leur biomasse et pourraient transférer davantage de matière organique dans le sol. Toutefois, les effets de la productivité aérienne de ces arbres à croissance rapide sur le stockage du C organique du sol (COS) demeurent méconnus. Cinq clones ayant une productivité aérienne différente ont été sélectionnés dans une plantation de peupliers hybrides située à New Liskeard, en Ontario. Le clone le plus productif DN2 a stocké moins de COS que les clones à productivité moyenne 1079 et 915005. Le clone le moins productif 747210 avait également un stock de COS plus faible que les autres clones, mais pas de façon notable. La différence dans les stocks de COS entre les clones était principalement observée dans la profondeur 20-40 cm, ce qui révèle le rôle significatif des racines. Dans cette profondeur, le stock de COS a augmenté avec la densité en longueur des racines fines. Ainsi, nous soulignons l'importance de la sélection des clones/espèces pour maximiser le stockage du COS. 

Présentation

13 h 45 Diversité végétale dans des plantations de peupliers hybrides et d’épinettes établies en monocultures et en plantations mixtes

Conférencière : Mialintsoa Aroniaina Randriamananjara, étudiante en doctorat à Université du Québec en Abitibi (UQAT), Institut de recherche sur les forêts (IRF)

Collaboratrices : Annie DesRochers, IRF-UQAT, et Nicole Fenton, IRF-UQAT

Bien que les monocultures soient importantes pour la production de bois, elles sont souvent associées à une diversité biologique plus faible que les plantations mixtes. Ainsi, les plantations mixtes ont été proposées comme un moyen d’améliorer la biodiversité grâce à leur diversité compositionnelle et structurelle. Cependant, les effets des monocultures par rapport aux plantations mixtes sur la diversité et la composition de la végétation de sous-bois peuvent varier d’un écosystème à l’autre. L’objectif de cette étude était d'évaluer si les plantations mixtes favorisent la biodiversité de la végétation de sous-bois par rapport aux monocultures. Nous avons évalué la diversité et la composition de la végétation en sous-bois dans des plantations de peupliers hybrides et d’épinettes établies en monocultures et en plantations mixtes, sur des terres agricoles abandonnées et dans un site forestier. Nos résultats montrent que la richesse en espèces vasculaires et en lichens était similaire entre les monocultures et les plantations mixtes. En revanche, l’ajout d’épinettes dans les plantations mixtes a favorisé l’établissement des bryophytes au sol. Par ailleurs, la composition des plantes vasculaires dépendait davantage de l’historique d’utilisation des sites que du type de plantation. Cette étude révèle que le mélange de peupliers et d’épinettes peut accroître la diversité des bryophytes et des lichens, et devrait donc être considéré lors de la planification du reboisement d’un peuplement.

Présentation

13 h 55 En quoi le site d’origine des plantations de peupliers hybrides influence-t-il la composition et la diversité des communautés végétales?

Conférencier : Geoffrey Zanin, étudiant au doctorat à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue

Collaboratrices : Annie DesRochers, IRF-UQAT et Nicole Fenton, UQAT

L’établissement de plantations intensives d’espèces à croissance rapide modifie la composition et la diversité des communautés végétales. Afin de mieux orienter la sélection de sites en vue de leur établissement, il semble judicieux d’accroître nos connaissances sur la manière dont le site d’origine des plantations influence les communautés végétales. L’objectif de notre recherche est donc de déterminer l’influence du site d’origine sur la diversité et la composition des communautés végétales dans les plantations intensives. Nous nous sommes intéressés aux communautés de plantes vasculaires et non vasculaires au sein de plantations de peupliers hybrides (PEH) établies sur des friches agricoles caractérisées par une végétation herbacée ou arbustive et sur des terres forestières. Nos résultats montrent que le reboisement de friches agricole avec du PEH n'a pas eu d'effet négatif sur la diversité végétale; on observe même une diversité plus élevée à l'échelle régionale pour les plantations établies sur des friches caractérisées par une végétation herbacée. Néanmoins, les plantations de PEH n'ont pas permis l'établissement d'espèces forestières 15 ans après leur mise en place. Enfin, lorsqu'elles sont établies sur des terres forestières, les plantations de PEH favorisent l'établissement d'espèces rudérales par rapport à leur équivalent non reboisé. Ainsi, si l’on souhaite utiliser les plantations de PEH pour tirer profit de leur rendement élevé tout en limitant leurs répercussions sur les communautés végétales, il semble plus acceptable de cibler les friches agricoles plutôt que les sites forestiers.

Présentation

14 h 35 Insectes herbivores en plantations d’épinettes blanches : amis et ennemis

Conférencière : Emma Despland, professeure-chercheuse, Université Concordia

Collaboratrices et collaborateurs : Sabina Noor, Université Concordia, Pamela Yataco, Université Concordia, Miguel Montoro Girona, UQAT, Tim Work, UQAM, Mathieu Bouchard, ULaval, Annie Belleau, MRNF, Sonia Légaré, MRNF, Pierre Therrien, MRNF, Olivier Morin, ICIA, Troy Kimoto, ICIA, Marie-Eve Sigouin, RAYAM, et Felix Guay, Norbord

Les insectes herbivores sont souvent seulement vus comme des ravageurs, mais ils représentent une composante importante de la biodiversité des forêts. Notre projet porte sur l'épinette blanche et les insectes herbivores pour qui cette espèce est la plante hôte et compare les jeunes arbres en plantation mixte avec la régénération naturelle sous canopée de peupliers faux-trembles. Nous posons les questions suivantes : les jeunes épinettes en plantation mixte sont-elles plus vulnérables à l'herbivorie par la tordeuse ou par d'autres ravageurs? Ces jeunes arbres abritent-ils la même biodiversité que ceux en forêt naturelle? Nos travaux de terrain exécutés à la Forêt d'enseignement et de recherche du lac Duparquet, en Abitibi, montrent que les épinettes en plantation ne sont pas plus endommagées par les insectes. La tordeuse est plus abondante sur les arbres en plantation et elle subit moins de parasitisme et de prédation, mais en ce début d'épidémie, la défoliation demeure légère. Les plantations abritent une biodiversité riche comprenant plusieurs groupes fonctionnels (herbivores, prédateurs, décomposeurs) bien représentés, bien qu’il y ait légèrement moins de variation entre les sites et de stabilité écologique des communautés d'insectes. Nos résultats montrent que ces plantations mixtes sont des environnements complexes et diversifiés capables de soutenir bonnes populations d'ennemis naturels des ravageurs.

Présentation

15 h EsPaCe, un simulateur pour les jeunes peuplements traités en éclaircie précommerciale

Conférencier : Emmanuel Duchateau, chercheur, Direction de la recherche forestière, ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF)

Collaboratrice et collaborateurs : Stéphane Tremblay, MRNF, Hugues Power, MRNF, et Isabelle Auger, MRNF

La gestion durable des forêts repose sur notre capacité à comprendre et à prédire leur évolution après diverses interventions sylvicoles. Au Québec, les modèles Natura et Artémis sont largement utilisés, mais leur calibration sur des peuplements marchands limite leur précision pour les jeunes peuplements, comme ceux traités par éclaircie précommerciale (EPC). Ces biais rendent difficile la prédiction précise de l’évolution des peuplements traités en ce qui a trait à la proportion d’essences ou à l’âge de maturité et nécessitent de se baser sur des hypothèses.

Pour combler cette lacune, le simulateur EsPaCe a été conçu. Il modélise la dynamique des jeunes peuplements post-EPC en deux étapes. D’abord, il projette, par pas de cinq ans, l’évolution de la densité et de la distribution des diamètres des arbres, prenant en compte toutes les essences. Ensuite, une fois que le peuplement atteint un seuil marchand, il s’intègre aux modèles Natura ou Artémis pour prolonger les simulations à long terme. Cette approche hybride assure une transition fluide entre la modélisation des jeunes peuplements et des peuplements matures.

EsPaCe a permis d’explorer la régénération de différents types de peuplements, comme les sapinières, les pinèdes et les pessières, et d’évaluer l’influence des paramètres initiaux, tels que la densité résiduelle ou les essences favorisées. Bien qu’il ne compare pas directement l’effet de l’EPC avec des peuplements non traités, il fournit des courbes de production utiles pour mieux comprendre les bénéfices potentiels de cette pratique.

Présentation

15 h 25 Synthèse de la rencontre

Conférencière : Annie DesRochers, professeure et directrice, Institut de recherche sur les forêts (IRF), Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), titulaire de la chaire industrielle en sylviculture et production de bois

* Le contenu des présentations des conférenciers et des conférencières n’engage qu’eux et qu’elles.